Porsche, l'incarnation de la rentabilité dans le monde automobile, a dévoilé des résultats financiers dramatiques : sur les neufs premiers mois de 2025, le résultat opérationnel du groupe est passé de 4 milliards d’euros à 40 millions, soit une chute vertigineuse de 99 %. Pourtant, les livraisons aux clients n'ont reculé que de 6 %. L'équation est absurde : Porsche se vend toujours, mais ne gagne plus d'argent.
Cette crise n'est pas celle de la demande, mais celle de l'effondrement simultané de tous les piliers du modèle Porsche, jusqu'ici infaillible.
L'erreur serait de croire que Porsche ne gagnait de l'argent qu'avec la vente de voitures neuves. Son secret tenait dans un empilement savant:
Financements captifs très lucratifs.
Valeurs résiduelles des véhicules très élevées.
Marges d’options très importantes.
Fidélité à l’après-vente.
Valorisation des véhicules d'occasion sur un marché premium stable.
En 2025, cet écosystème s’est grippé de toutes parts :
Le choc comptable et stratégique : Porsche a dû enregistrer pour 2,7 milliards d’euros de charges exceptionnelles, liées à la réorganisation de sa stratégie produit et à ses activités batteries. Ce coût massif est révélateur : le virage tout-électrique ne générait pas le retour sur capital espéré, forçant l'entreprise à ralentir brutalement son calendrier et à faire machine arrière sur certains modèles électriques.
L'éffondrement du marché de l'occasion : C'est un problème majeur : la chute brutale de la valeur résiduelle des véhicules électriques d’occasion. Porsche s’appuyait sur ces valeurs élevées pour proposer des loyers attractifs en leasing. Avec la dépréciation accélérée des VE d'occasion, la marque et sa banque captive ont dû revoir leurs hypothèses de revente et provisionner davantage, entraînant des pertes comptables.
La guerre des prix en Chine : Longtemps moteur de croissance, le marché chinois s'enlise dans une guerre des prix sans précédent sur le segment premium électrique. La valeur perçue des modèles européens se fragilise face à la concurrence locale, plus agressive. Porsche vend, mais est contraint de multiplier les remises et de compresser ses marges sur chaque voiture.
Le mur douanier et fiscal : Aux États-Unis, les droits de douane de 15 % sur les importations européennes ont forcé la marque à compresser ses marges pour rester compétitive. En Europe, l'explosion des malus CO₂ (qui atteindront 100 000 euros en 2028) ajoute une fiscalité prohibitive au coût total de possession.
La crise de Porsche n'est pas celle d'une marque qui ne vend plus, mais celle d'un modèle qui ne tient plus sous le poids des mutations.
La clientèle reste attachée à la marque, mais l'ADN de Porsche, c'est l'émotion du Flat-6. Le PDG de Mercedes-AMG, Michael Schiebe, affirmait pourtant récemment que les passionnés de V8 n'hésiteront pas à adopter les voitures électriques. Cette déclaration est démentie par l'échec cuisant des modèles EQS, ou encore de la C63 AMG pourtant hybride.. mais à quatre cylindres. Lorsque la clientèle doute, il est essentiel de l'écouter plutôt que d'essayer de lui vendre un produit qui ne correspond pas à ses attentes.
L'histoire de 2025 est celle d'un paquebot qui prend un virage à 180° et qui subit le retour de flamme : devoir rétropédaler pour offrir à nouveau des moteurs thermiques et hybrides tient du bon sens mais est un aveu d'échec stratégique. Le CEO de Porsche a d'ailleurs été démis de ses fonctions une semaine avant la sortie de ces résultats.
La crise que traverse Porsche est un puissant signal pour toute l'industrie : la solution n'est pas dans l'abandon brutal du moteur thermique, mais dans la gestion d'une transition vers l'électrique la plus douce et intelligente possible, surtout pour une marque à l'ADN aussi établi que Porsche.
Aujourd'hui, une question fondamentale se pose : Porsche a-t-il réellement sa place sur le marché des véhicules électriques de masse ? Rien n’est moins sûr, et nous n'aimerions pas être à la place de leurs stratèges.
Cependant, le récent retour en grâce des moteurs thermiques et hybrides au cœur de la stratégie Porsche est pour WOT l'une des meilleures nouvelles de cette fin d'année. Cela confirme notre vision : l'émotion mécanique a encore de beaux jours devant elle. Nous nous ferons un plaisir d'optimiser ces nouveaux modèles, avec des reprogrammations qui respecteront le plus grand respect des tolérances mécaniques et environnementales. C'est en sublimant l'ingénierie existante que nous assurerons sa pérennité.