Le passage au 48V

Une révolution dans l’industrie automobile

L’industrie automobile a longtemps été ancrée dans le système électrique de 12 volts, un standard adopté dans les années 1950. Même avec l’émergence des véhicules hybrides et électriques, qui utilisent des batteries de traction à haute tension, le 12 volts reste omniprésent pour alimenter des composants comme les lève-vitres, les moteurs de sièges, et les phares. Cependant, le passage au système 48 volts, bien que déjà amorcé avec certains véhicules hybrides légers, marque une nouvelle étape significative, notamment avec des entreprises comme Tesla qui poussent cette évolution.

Pourquoi passer au 48V ?

L’intérêt d’adopter un système de 48 volts réside principalement dans les avantages techniques qu’il apporte. Selon la loi d’Ohm, la tension est égale au courant multiplié par la résistance (V=IR). En augmentant la tension, on peut réduire le courant nécessaire pour une même puissance, ce qui permet d’utiliser des câbles plus fins, réduisant ainsi le poids du véhicule et les coûts associés. En outre, un courant plus faible signifie également moins de pertes d’énergie sous forme de chaleur, ce qui améliore l’efficacité globale du véhicule.

Historiquement, l’industrie a migré du système 6 volts au 12 volts dans les années 1950 pour répondre aux besoins croissants en énergie des composants électriques, notamment les systèmes d’allumage pour les moteurs à haute compression. Aujourd’hui, avec l’ajout d’innombrables fonctionnalités électriques dans les voitures modernes – sièges chauffants, volants chauffants, suspensions adaptatives, et plus encore – la demande en énergie est encore plus forte, justifiant ainsi le passage à une tension supérieure.

Un changement complexe et lent

Cependant, le passage généralisé au 48 volts ne se fait pas du jour au lendemain. L’intégralité de la chaîne d’approvisionnement et l’infrastructure de conception sont profondément ancrées dans le 12 volts. Changer ce paradigme implique non seulement des coûts élevés pour les constructeurs automobiles, mais aussi une réévaluation de la sécurité et de la compatibilité des nouveaux systèmes.

Dans les années 1990 et 2000, des efforts ont été faits pour adopter des systèmes à haute tension, mais ils n’ont pas abouti à une adoption généralisée. Les constructeurs ont trouvé des moyens d’optimiser les systèmes existants pour éviter les dépenses supplémentaires liées à la transition vers une tension plus élevée. Ce n’est que récemment, avec l’ajout de nombreux systèmes consommateurs d’énergie, que l’adoption de systèmes 48 volts a commencé à se faire plus pressante.

Des pionniers parfois risqués

Il y a toujours des acteurs dans l’industrie qui sont en avance sur leur temps, prêts à prendre des risques pour initier des changements. Tesla, avec son adoption du 48 volts pour le Cybertruck, en est un exemple frappant. Le choix de Tesla n’est pas seulement une question de réduire le poids des faisceaux de câbles, mais aussi d’introduire des innovations telles que la direction par câble (steer-by-wire) qui pourraient ne pas être possibles avec un système 12 volts.

Toutefois, cette transition n’est pas sans défis. La plupart des composants électriques actuels fonctionnent encore à 12 ou 5 volts, et il est coûteux de les remplacer ou de les redessiner pour qu’ils soient compatibles avec le 48 volts. De plus, les systèmes 48 volts nécessitent des connecteurs et des protections plus robustes pour minimiser les risques d’arc électrique, ce qui ajoute une complexité supplémentaire.

Conclusion

Le passage au 48 volts représente une avancée majeure pour l’industrie automobile, apportant des améliorations en matière d’efficacité énergétique et de réduction de poids. Cependant, cette transition est loin d’être simple. Les défis liés à l’infrastructure existante, aux coûts de développement, et à l’intégration des nouvelles technologies rendent ce changement complexe et lent. Malgré tout, il est évident que les pionniers de l’industrie, qui sont prêts à prendre des risques pour initier ces changements, jouent un rôle crucial dans l’évolution du secteur.